Dr Lacotte, quel intérêt à surveiller son rythme cardiaque soi-même ?
Dr JL : Pour certains, il s’agit de surveiller sa fréquence cardiaque à l’effort, dans le cadre d’activités sportives dont on souhaite optimiser les performances. Pour d’autres, l’intérêt est de s’assurer que le rythme est bon ou de traquer d’éventuels troubles du rythme cardiaque, suspectés ou objectivés par un médecin. Compte tenu du caractère récidivant des maladies du rythme cardiaque, il est utile de pouvoir enregistrer à la demande du patient des tracés de rythme suspect, afin de guider au mieux le diagnostic et le traitement de ces palpitations.
Quelles sont les solutions dont dispose le cardiologue pour enregistrer le rythme cardiaque ?
Dr JL : Classiquement, il ya l’électrocardiogramme, qui enregistre quelques dizaines de battements cardiaques lors d’une consultation. Pour des enregistrements plus longs, on dispose du Holter, que le patient porte en continu pendant 24 à 72h. Il s’agit d’un petit boitier relié à la poitrine par plusieurs électrodes autocollantes. Toute la difficulté de ces techniques est que l’enregistrement survienne au moment d’une crise d’arythmie ou de tachycardie. Pour la majorité des patients, ces épisodes ne surviennent que quelque fois par an ou par mois, il faut donc multiplier les enregistrements et patienter avant de prendre le problème de rythme en flagrant délit. Si l’on reste bredouille, on peut proposer à un patient d’un s’équiper d’un moniteur de poche pendant un mois, capable d’enregistrer le rythme cardiaque par simple apposition sur la poitrine. Cette solution reste peu utilisée car son cout (60€ par mois) n’est pas pris en charge la sécurité sociale, ni par les mutuelles.
De plus en plus d’applications sont disponibles sur Smartphone pour calculer sa fréquence cardiaque. Sont-elles fiables ?
Dr JL : Vaguement pour mesurer sa fréquence cardiaque, mais elles restent incapables d’enregistrer le rythme cardiaque. Comprenons-nous, ces applications utilisent l’objectif de l’appareil photo ou de la webcam embarquée pour analyser les pulsations perceptibles au bout d’un doigt. Elles restent assez capricieuses, pas toujours précises, surtout quand le rythme est rapide ou irrégulier. Disons que cela n’apporte rien à quelqu’un qui sait prendre son pouls. Dans tous les cas, il ne faut pas se leurrer, le tracé affiché sur l’écran n’est qu’une animation, ce n’est pas votre vrai rythme. Inutile donc de montrer ces captures d’écran à votre médecin. En revanche, il existe des solutions vraiment intéressantes mais qui nécessitent d’équiper son smartphone d’une coque spécifique doté d’électrodes, avec un cout de 150€ environ*, non remboursés. On obtient de vrais tracés, enregistrés et transmissibles au cardiologue. Je recommande de plus en plus souvent cette solution à mes patients expatriés, ou après l’ablation d’un trouble du rythme afin de confirmer que le rythme normal s’est rétabli durablement.