Dr Thierry Lefèvre : c’est une occlusion complète d’une artère coronaire datant de plus de 3 mois. Ces occlusions chroniques sont fréquentes, retrouvées dans 15 à 25% des cas lors d’une coronarographie diagnostique.
Quels sont les avantages à traiter ces artères bouchées depuis longtemps ?
Dr Yves Louvard : lorsque le territoire irrigué par cette artère est viable, la désobstruction va permettre d’améliorer les symptômes voire d’améliorer la fonction ventriculaire gauche. De nombreuses études observationnelles ont montré qu’un succès de désobstruction (par rapport à un échec) améliorait l’ischémie, le risque rythmique, la nécessité de réaliser un pontage et la survie, notamment si le territoire est étendu. D’où l’importance de vérifier la viabilité. L’IRM est la meilleure méthode d’évaluation de la viabilité. Lorsque le territoire viable est > 2 segments l’indication doit être discutée en fonction des chances de succès et des risques de la procédure. Pour ce qui est de l’ischémie, si le territoire est viable, elle est pratiquement toujours présente.
Qu’est-ce qui a changé dans cette technique ces 5 dernières années ?
Dr TL & Dr YL : le matériel et les stratégies ont beaucoup évolué ces dernières années et permet d’espérer un taux de succès moyen de l’ordre de 90% dans des mains expérimentées. Ce taux de succès peut être estimé en amont par analyse fine de la coronarographie en fonction de la longueur de l’occlusion, de la présence de calcifications coronaires, de l’ambiguïté proximale et distale de l’occlusion, de la tortuosité de l’artère et du fait qu’il s’agisse d’une première tentative ou non. Le taux de succès est également plus faible chez les patients pontés et sur l’artère circonflexe. Les guides d’angioplastie dédiés ont largement contribué à améliorer le taux de succès et la sécurité de la procédure qui est aujourd’hui comparable à celle d’une angioplastie.
L’approche rétrograde permet de résoudre la plupart des problèmes techniques en cas d’échec de la voie antérograde. Enfin, la performance des stents actifs de 2ème ou 3ème génération a permis de réduire de façon spectaculaire le risque de resténose ou de réocclusion.